Le docteur François Baumann a repris la plume, en cette rentrée, pour aider les victimes de burn-out à éviter toute récidive. L’auteur a déjà écrit « Burn-out, quand le travail rend malade » et « Le guide anti burn-out ». Ce volet clôt une trilogie sur ce sujet. S’il n’apprend rien de très nouveau sur le burn-out, ses symptômes, ses causes et la manière d’appréhender un tel épisode, la force de cet ouvrage réside dans son approche claire et pédagogique d’une part, et surtout dans la valeur des témoignages qui le ponctuent. Parce que « par la preuve » est la meilleure, la plus pragmatique, des communications. Et ces témoins peuvent probablement permettre à d’autres de se renforcer, d’adopter un rapport différent au travail, pour ne plus le vivre comme une épreuve, une souffrance dont l’issue peut se révéler fatale.
Qu’est-ce que le burn-out ?
François Baumann sait que rien n’est jamais acquis, et son premier réflexe est de rappeler que cette « maladie du siècle » constitue une « pathologie psychiatrique grave », chargée d’un « état dépressif » et de « mal-être social ». Il parle de « cynisme relationnel ». Il n’hésite pas à employer un lexique violent, pour interpeller. Car si le sujet demeure tabou, c’est que la plupart des personnes concernées refusent leur état. Des personnalités perfectionnistes, en quête de reconnaissance, jeunes (entre 25 et 50 ans) et a priori en pleine santé. Elles se vouent corps et âme à leur travail, sans se fixer de limite, générant peu à peu un stress négatif. Elles se retrouvent bientôt dans une logique du résultat irraisonnée, au cœur d’une compétitivité qui les dépasse. Au début, une sourde fatigue inquiète. Une bonne nuit de sommeil ne sera pas réparatrice : cette fatigue-là, insidieuse, cache davantage, et s’installe durablement. La spirale du burn-out est en marche.
Hygiène de vie irréprochable
L’une des clés, pour éviter tout burn-out, est de se préoccuper de soi, avant tout. Il ne s’agit pas de se montrer égoïste ou individualiste, mais de veiller à son capital santé. Un esprit sain dans un corps sain. Le docteur Baumann rappelle quelques évidences, et cela peut prêter à sourire. Pourtant, manger équilibré, préserver sa forme physique, s’accorder des moments de déconnexion, permet de conserver une énergie positive motrice.
La Parole
Verbaliser son état constitue une autre solution. Oraliser pour libérer son anxiété, sans craindre le jugement d’autrui. Plusieurs moyens existent, depuis les groupes de paroles, jusqu’aux séances de coaching individuelles. Les accords d’entreprises et la prévention du stress ont permis des avancées concrètes. Qu’importe le moyen, pourvu que la « restructuration personnelle » devienne efficace et pérenne.
Facteurs de risques
Le docteur Baumann adopte une approche par les risques, et a identifié quelques facteurs majeurs à évaluer, pour éviter toute rechute de burn-out. L’impact émotionnel et sa maîtrise : trop d’empathie peut nuire. Le niveau d’autonomie de chacun et sa propre capacité de décision. Le rapport aux autres. La souffrance éthique, ou morale.
Bref, il serait question, comme dans un conte, d’acceptation de soi et des autres, de respect, de dignité. Et tout ne serait que dosage, comme pour une recette de cuisine, et de partage.
Bien sûr, ainsi formulé, tout est dit, et à la fois rien. Cependant, la première des choses à ne pas négliger est l’écoute de son corps. Dès qu’il faillit, il émet un signal. Et d’un corps qui vacille, aux trois symptômes du burn-out, il n’y a qu’un pas : l’épuisement émotionnel, la déshumanisation de la relation ou le cynisme, la diminution massive de l’accomplissement personnel. Les professions d’aide demeurent les plus exposées, d’où cette nécessaire « carapace » à se forger pour résister, et accomplir son travail sans douleur.
Une recette ?
Point de recette miracle. Néanmoins neuf ingrédients sont décrits par le docteur Baumann, pour une issue durable et satisfaisante d’un épisode de burn-out. Ne pas reprendre le travail de manière précipitée. Réévaluer ses ambitions à l’aune de ses capacités, objectivement et avec humilité. Se montrer attentif à ses propres besoins. Ne pas se laisser déborder par ses engagements, savoir dire Non et Stop. Considérer ses besoins personnels. Ne pas fuir ou se réfugier dans le déni. Veiller à ne plus faire preuve de cynisme ou d’humour noir. Se montrer affable et aimable, cultiver un rapport de qualité avec son entourage. Positiver, déterminer l’utilité et la valeur ajoutée de son travail et le faire savoir. En résumé, redéfinir ses priorités. Les cas présentés appellent à la méditation, vertueux dans le sens où ils permettent de délimiter dépression et burn-out, deux maladies trop souvent confondues.
C’est cela que propose le docteur François Baumann, fondateur de la Société de Formation Thérapeutique du médecin généraliste et enseignant. Un bémol toutefois. Quelques chiffres clés sont présentés, qui ne renvoient à aucune étude scientifique ou à aucune référence opposable et datée. Néanmoins : « en France plus de 3,5 millions de personnes disent avoir présenté ou avoir frôlé le burn-out », et « 45% des salariés se disent stressés par leur activité ». Un nouvel ouvrage sur le sujet du burn-out n’est donc pas à négliger.
« L’après burn-out : comment éviter les pièges de la rechute ? », aux éditions Josette Lyon, 175 pages, 16 euros.
Bio de l’auteur
Isabelle Kévorkian est consultante en communication éditoriale et digitale, spécialisée dans le Live Tweet d’événements. Elle accompagne la visibilité et la réputation des marques, notamment www.lanouvelleolympe.fr ; Elle est par ailleurs romancière, chroniqueuse (culture), bloggeuse (culture et communication), pianiste.