Les entreprises de portage salarial accompagnent et portent nombre de seniors ou qui se définissent comme tel : moins de 50 ans ayant des envies de plus grande d’autonomie, plus de 50 avec de moindres chances de retrouver (rapidement) un CDI, retraités actifs ayant besoin/envie de travailler. Nous savons donc bien que les seniors dotés d’une réelle expertise et non isolés ou accompagnés font comme les autres (juniors, professionnels confirmés) : ils trouvent des missions ou un emploi.
Vieillissement et emploi : qu’en est-il ?
Dans un article publié cet été, L’ANACT (1) revenait sur les études qui tordent le cou à l’idée reçue suivante : le vieillissement limite la productivité et la performance au travail. Alors qu’en est-il réellement ?
L’âge est un critère en partie subjectif et lié à différents paramètres bien plus fins que les chiffres habituels, car le vieillissement est “un processus physiologique variable et réversible”. L’article ajoute que “les pertes de capacités physiques ou cognitives dues au vieillissement « naturel » restent modérées jusqu’à 65-70 ans, et qu’elles sont compensées par l’expérience. À 60 ans, un salarié en bonne santé dispose encore de 80 % des potentialités dont il disposait à l’âge de 20 ans.”. Un senior peut parfaitement avoir une valeur ajoutée plus importante qu’un de ses cadets ou à plus forte raison un junior.
Françoise Florette, professeur à Paris V et Directeur d’ILC France (International Longevity Center) rappelle que le taux d’emploi des 55-64 ans est plus faible en France que la moyenne de l’Union Européenne et surtout que celui de la Suède. En regardant l’évolution comparée de l’Allemagne et de la France, on voit que les deux pays étaient proches en 2003 (à peine 2 points de différence), alors que dix ans plus tard le taux est supérieur de 18 points, en dépit du très médiatisé Plan senior 2006-2010.
Les seniors exclus des politiques RH…
Hélas, les politiques RH de gestion des âges ont été surtout orientées vers une exclusion des seniors (départs précoces, retraites anticipées, PSE). Au contraire, il conviendrait de mettre en place des formations et autres actions préparant mieux à un nouveau poste, à la maîtrise des TIC, à une reconversion ou à une évolution professionnelle hors entreprise (2).
L’âge est non seulement un facteur d’exclusion, mais il est même le premier critère de discrimination à l’emploi, avant l’origine, comme le montre l’Observatoire des discriminations, lancé par Jean-François Amadieu (3).
Source : Baromètre Adia – Observatoire des discriminations 2006
Le caractère pernicieux de cette idée reçue du senior “has-been” va plus loin encore, puisque beaucoup de seniors eux-mêmes intègrent l’idée qu’ils sont sans doute moins compétents. Ce qui affecte très négativement leur motivation et l’image véhiculée lorsqu’ils recherchent un emploi ou, à défaut, une mission.
Une activité professionnelle peut pourtant être bénéfique pour les seniors
Au delà des aspects économiques, la question de la santé et de la longévité des seniors est directement liée au maintien de “niveaux élevés de stimulation cognitive et sociale tout au long de la vie professionnelle et pendant la retraite”, comme le souligne Françoise Florette. Si les seniors continuent une activité, leurs capacités d’apprentissage sont maintenues, du fait de la neuroplasticité du cerveau (4). De même leurs capacités de synthèse, d’anticipation et d’organisation ont tendance à progresser, ce qui va agir sur d’autres formes de performance et de compétences. Des aspects bénéfiques pour les seniors, au delà de l’apport que les jeunes retraités peuvent avoir dans les organisations.
Beaucoup de travail reste à faire pour que les nouvelles formes d’emploi, d’activité ou de création soient mieux connues des seniors…
(1) Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail : lire l’article
(2) Extraits de quelques interventions de qualité à propos des cadres seniors, à l’occasion du Colloque ”Seniors et travail par mission“ organisé en 2009 par ITG.
(3) Un test avait été présenté dans l’émission Envoyé Spécial du 11 septembre 2012, « La galère des quinquas » qui montrait qu’un candidat de 32 ans avait eu quatre fois plus de réponses positives qu’un candidat de 50 ans.
(4) Capacité du cerveau de modifier l’organisation de ses réseaux de neurones en fonction des expériences vécues.