Pour une meilleure maîtrise des transitions professionnelles

C’est le titre de l’étude 2014 de la Fondation ITG*. Ce titre n’est pas descriptif de l’étude mais situe l’objectif de ce recueil d’informations exceptionnellement riche.

Dans cet article, nous reviendrons sur le contexte actuel en France, et sur les raisons qui doivent nous pousser à faire plus en matière de transitions professionnelles.

Cet article est une suite de celui posté la semaine précédente : Mieux comprendre les mutations de l’emploi avec l’étude 2014 de la Fondation ITG.

Pourquoi mettre l’accent sur la transition ?

La transition professionnelle, est un fait nouveau, fréquent et général. On ne peut pas dire qu’il est symptomatique des changements dans les parcours professionnels, mais plutôt qu’il s’agit d’une réalité structurelle nouvelle et nécessaire.

Bien que les trente glorieuses soient de l’ordre de l’histoire ancienne, il existe encore une vision fondée sur ce le référentiel de ce passé. C’est à la fois un syndrome de l’âge d’or perdu et un étalon de la normalité à laquelle nous devions nécessairement revenir : un emploi stable, une progression de carrière continue, un contrat de travail rempart au changement, un salaire revalorisé chaque année…

Mais aujourd’hui, force est de constater que notre société ne va pas du tout dans cette direction. On peut le regretter mais cette attitude ne nous permettra pas de trouver de nouvelles réponses positives à ces changements tant pour les personnes en particulier que pour notre économie en général. Ce qui nous arrive ne préfigure pas seulement un changement mais une instabilité permanente, nouvelle normalité liée à la multiplication des éléments perturbateurs ; découvertes scientifiques et innovations technologiques, émergence économique de pays et de populations nouvellement invités à partager la richesse mondiale, déséquilibres monétaires, pénurie de matières premières, énergie chère…

Dans ce contexte, comment faire pour que notre désir de protéger les plus exposés et d’aguerrir les plus jeunes se transforme en un cahier des charges plutôt qu’en des réponses toutes faites et passéistes auxquelles on serait tenté de s’accrocher faute de courage et d’imagination ?

Transitions professionnelles : en finir avec le passé

Dans son préambule, l’étude souligne : « Quand 83 % des embauches se font sous une autre forme que le CDI et que chaque année 27 millions de contrats sont signés, c’est tout la société salarial qui est remise en cause. Ce n’est pas qu’une affaire de durée des contrats et de droits afférents à la condition salariale, c’est la fin d’une organisation sociale. »

Ce constat à l’échelle de l’Europe doit déboucher sur une approche nouvelle :

« …qui n’est ni celle de la rigidification, ni la fuite en avant libérale.

• Comment convertir les transitions professionnelles en opportunités, là où elles sont aujourd’hui autant de « sauts dans le vide » ?
• Comment protéger le travailleur dans les phases de transition entre des emplois, en considérant que le changement et la rupture ne sont plus des situations exceptionnelles mais normales, et qu’il faut donc les sécuriser ?
• Comment construire de nouveaux instruments juridiques pour assurer la continuité de l’état professionnel des personnes par-delà la diversité des situations de travail et de non travail ? »

Pour tenter d’informer sur ces questions essentielles, sans bien sûr les résoudre car les solutions appartiennent à nos organisations politiques, économiques et syndicales. Nous tenterons ici de comprendre de manière cohérente l’histoire récente qui nous a conduit à cette situation et particulièrement à celle qui nous préoccupe en France. Nous puiserons dans l’étude pour illustrer cette compréhension par des données chiffrées qui ne s’imposent pas –bien entendu – comme des évidences mais qui nous offrent des corrélations, mettent en exergue des contradictions, voire des confirmations probables.

Pour commencer, nous mettrons l’accent, dans notre prochain article, sur deux évolutions majeures :

• La tertiarisation de l’économie
• L’individualisation des parcours professionnels

Quels sont les facteurs qui poussent dans ces directions ? En quoi elles préfigurent les lignes de force d’une transformation profonde de l’emploi ?

* L’objectif de la Fondation ITG est de faire émerger et valoriser les propositions innovantes sur le travail et l’emploi pour faire évoluer les mentalités et diffuser les meilleures pratiques identifiées dans les entreprises.