Cette mini nouvelle vise à louer l’esprit d’initiative, le sens de l’entreprise, de la créativité libre et libérée dans tous les domaines culturels, artistiques et scientifiques. C’est ce dynamisme passionné qui éclairera chacun d’entre nous (comme les fourmis de ma mini nouvelle) et l’ensemble de ces lumières constituera notre potentiel de croissance et de bien être à l’avenir.
Mini-nouvelle rédigée dans le cadre du concours « Travailler autrement : auteur de sa vie professionnelle, auteur de soi » organisé par ITG.
Les fourmis sont admirables ! Chacune est à son poste et s’affaire indéfiniment et sans tarder, rentabilité oblige ! Elles se ressemblent toutes avec leur air triste et leur corps étriqué, comme en deuil perpétuel. Le manager veille à ce que toute maintienne la cadence, sans mot dire. Elles partent résignées, partageant toutes les même maux pour nourrir leur progéniture, colonie d’aveugles conduite par des aveugles !
En l’an 2000, au sein d’une de ces colonies trônait une reine rebelle appelée Ôprie. Un jour, contre l’avis du conseil des vieilles sages, elle décida que la durée de travail officiel c’est-à-dire le travail alimentaire pour la communauté serait limité à trente cinq heures par semaine. Libre à chacun de ses sujets d’occuper le reste du temps comme bon lui semblait. La reine Ôprie était une amatrice d’art hors pair. Elle espérait ainsi promouvoir la créativité et l’esprit d’entreprendre de ses compatriotes.
Les fourmis aveugles durent alors progressivement apprendre à tracer leur propre chemin. Ainsi, dès la fin de journée sonnée, la vieille colonie de la reine se scindait en groupuscules spécialisés menés par un ou deux éclaireurs.
Parmi ces éclaireurs, citons le fameux Monez.
Comme son nom ne l’indique pas, Monez voyait. Il savait flairer l’odeur de la couleur. Ainsi, il créa sa propre théorie de la peinture impressioneziste. Tous les jours, Monez avait hâte de finir sa journée de travail officiel pour peindre ses nymphéas. Un jour de pluie, Monez fit la connaissance d’une fourmi Apologinaire, qui comme lui, savait jouer… non pas avec les couleurs mais avec les mots. En fin de journée, ils aimaient à se retrouver pour échanger leurs impressions, leurs sensations, leurs rêves, leurs espoirs et leurs colères aussi, chacun œuvrant avec ses propres armes, les couleurs se confondant aux mots, les douleurs se transcendant en poèmes ou en toiles multicolores.
La reine était heureuse de cette révolution culturelle et de ce nouvel esprit d’initiative chez tous ses sujets artistes ou scientifiques. Elle aimait les artistes mais vénérait également les « sachants ». Elle vouait un culte immodéré à la connaissance et au savoir universel. En cela, elle était fourmaniste et pionnière, imprégnée de la culture gréco romaine : « Mens sana in corpore sano ».
Isabelle Tovena Pecault
Docteur Ingénieur en Sciences et Technologies des matériaux.
Habilitée à diriger des recherches en sciences chimiques.
Auteure de 2 ouvrages :
« Salles propres et zones à environnement contrôlé« (2006, Ed. AFNOR)
« Risques industriels de contamination » (Ed. Lavoisier Tec et Doc, à paraitre bientôt !)
Cette mini nouvelle a été rédigée dans le cadre du concours « Travailler autrement : auteur de sa vie professionnelle, auteur de soi » organisé par le club des consultants ITG du Languedoc-Roussillon. En savoir plus sur le concours.