Il n’y a pas besoin de disserter sur une réalité que l’on peut tous observer autour de nous. Le monde change et on aurait tort de croire que ces changements se résument à la diffusion croissante des technologies. Le digital est devenu tellement omniprésent que l’aborder comme un canal, un média, un outil serait une erreur gravissime. Ce qui est important dans le digital c’est la manière dont on fait les choses, le reste vient ensuite.
Une nouvelle manière de travailler avec le digital
Nous vivons différemment nos interactions avec les autres, avec nos amis, avec les marques. Nous avons des exigences nouvelles en termes d’expérience, de transparence, d’instantanéité. Alors bien sur on peut se contenter de regarder la partie émergée de l’iceberg et penser les enjeux en termes de marque et de communication. Mais, soyons honnêtes, remettre un coup de peinture sur la façade d’un immeuble insalubre et décrépi ne fait pas illusion longtemps.
Dans « Tous Digitalisés » j’ai essayé de tracer un panorama de tous les bouleversements qui frappent déjà à notre porte et d’en tirer les conséquences. Et l’une d’entre elles est qu’on ne travaillera plus jamais comme avant. Il n’est pas possible pour une entreprise de se mouvoir dans ce monde en construction pas plus qu’il n’est possible pour ses collaborateurs de tenir la promesse faite aux clients en continuant à travailler selon un modèle hérité de la révolution industrielle et de Messieurs Ford et Taylor.
Un enjeu pour les entreprises
C’est donc un enjeu pour les entreprises qui ne peuvent faire l’économie d’un changement de modèle. 52% des entreprises du fortune 500 ont disparu ou ont été rachetées depuis 2000 : plus personne n’est à l’abri et le déclassement arrive vite.
Mais si le digital fait peser une pression sur l’entreprise et ses collaborateurs il est également une opportunité pour améliorer les choses. Sa philosophie et les outils permettent de transformer radicalement le travail pour peu que l’on cesse d’être schizophrènes : des gens font des choses incroyables sur internet, se connectent, socialisent, créent des idées, de la valeur, s’organisent pour faire des choses et tout cela s’arrête à la porte du bureau faute d’avoir les bons outils mais, surtout, faute d’être dans le bon contexte organisationnel et managérial. Ce dont les collaborateurs ont besoin est de retrouver au travail ce contexte, cette liberté, cette facilité de créer, avancer, résoudre des problèmes collectivement et simplement. Le management doit cesser d’être l’art de rendre les choses compliquées. On a besoin et on s’attend à vivre en tant que collaborateur une expérience au moins égale à celle que l’on vit en tant que simple individu.
Une opportunité pour les indépendants
C’est également une chance gigantesque pour les travailleurs indépendants qui ont aujourd’hui la capacité de s’organiser en réseaux, en écosystème, travailler avec leurs pairs et leurs clients de manière fluide et à grande échelle. Aujourd’hui la puissance du digital donne aux indépendants des possibilités jusque là réservées aux grandes entreprises, et ces possibilités alliées à leur agilité les rendent plus compétitifs, agiles et pertinents que jamais face aux lourdeurs des grandes structures. Chacun a désormais les moyens d’ »exister » et développer son business pour peu qu’il s’en donne la peine. On n’a plus besoin de rejoindre une structure pour poursuivre ses rêves et être performant.
On a beaucoup parlé de la « consumérisation » des outils de travail pour évoquer le fait que les collaborateurs désiraient des outils aussi simples et efficaces que ceux dont ils disposent en tant que « consommateurs », dans leur vie privée. A mon sens la digitalisation en cours du monde dont je parle dans « Tous Digitalisés » va dans le sens d’une consumérisation plus large qui est celle du travail. Le travail doit devenir une expérience fondée sur la simplicité, l’engagement et l’efficacité. C’est un enjeu de performance, de productivité, de capacité à retenir les talents… et quasiment de santé publique.
A propos de l’auteur
Manuel Diaz est un pionnier du numérique, il est le président de l’agence de communication digitale Emakina.FR. Auteur du livre « Tous digitalisés : Et si votre futur avait commencé sans vous ? », disponible aux éditions DUNOD.
1 commentaire
Bonjour,
Je souscris à la conclusion « Le travail doit devenir une expérience fondée sur la simplicité, l’engagement et l’efficacité ». Toutefois je rajoute un pilier: le travail est une expérience qui doit avoir du sens. Ce que je ne retrouve pas toujours dans la « froideur » des outils digitaux.